Le 20e siècle aura été marqué par un
maldéveloppement hallucinant – continué aujourd’hui sous le nom de développement
durable – imposé à l’humanité au nom de la prospérité. Militarisme, dictatures,
guerres, croissance économique, Union européenne, libéralisation,
mondialisation, développement incontrôlé du trafic automobile, de l’aviation,
énergie nucléaire, bobard de la fusion nucléaire contrôlée, scientisme....
Le plus inquiétant est notre dépendance des énergies non-renouvelables et le changement climatique qu’elle provoque. Cela va rendre la vie sur la Terre très difficile, à moins que le nucléaire ne se charge de faire disparaître l’humanité en temps utile (Le risque est réel, l’administration américaine envisage d’utiliser l’arme atomique contre l’Iran).
Le plus inquiétant est notre dépendance des énergies non-renouvelables et le changement climatique qu’elle provoque. Cela va rendre la vie sur la Terre très difficile, à moins que le nucléaire ne se charge de faire disparaître l’humanité en temps utile (Le risque est réel, l’administration américaine envisage d’utiliser l’arme atomique contre l’Iran).
Que faire? Il est à mon avis illusoire de
chercher un système politique, une méthode de gouvernement que permettrait de
gérer des Etats, comprenant des millions de personnes, de manière à réconcilier
l’homme et la nature. Les structures étatiques com-prennent nécessairement des
hiérarchies de pouvoir dont la motivation première est de résoudre des problèmes
et non de se demander si les problèmes en question pourraient ne pas exister.
Cela mène à une fuite en avant permanente, la solution d’un problème amenant le
problème suivant.
Pour être bien sur la Terre il faut pouvoir se
laisser vivre. Mais c’est la dernière chose que le pouvoir puisse envisager
puisque cela le rendrait définitivement inutile. Se laisser vivre c’est, de mon
point de vue, de jouir du moment présent que nous offre notre inter-action avec
d’autres, avec la nature. Le fait, par exemple, de se sentir bien dans un
paysage, sur un coin de terre, de sentir intuitivement ce qui est juste,
d’apprécier la compagnie des amis. Pas besoin de produire, d’être rentable,
efficace. Cela ne signifie pas qu’on ne va rien faire et n’exclut pas des
travaux pénibles. Il y a des choses qu’il faut faire pour que la collectivité
puisse fonctionner. Mais le travail doit prendre une autre signification. Il
n’est plus un but en soi mais une contribution à la bonne santé du groupe, au
maintien de la planète. Citons Castoriadis: «Nous devrions être les
jardiniers de notre planète, la cultiver comme elle est et pour elle-même. Et
trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche qui
pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, libérés d’un travail
stupide, productif et répétitif… Mais l’imaginaire de notre époque c’est celui
de l’expansion illimitée, c’est l’accumulation de la camelote …».
C’est cet imaginaire-là qu’il faudrait changer
ce qui ne va pas sans un renoncement à la croissance économique, à
l’exploitation de ressources. Comme le système économique actuel ne peut pas se
passer de croissance et comme les pouvoirs établis – démocraties ou dictatures –
sont esclaves de l’économie, on ne voit pas ce qui pourrait éviter
l’effondrement du système. Il serait donc judicieux de s’y préparer ce que nous
pouvons faire en tant que personnes. Il n’y a probablement pas de marche à
suivre toute faite, mais la recherche d’un maximum d’autonomie en collaboration
avec des personnes proches est probablement une étape nécessaire pour éviter le
pire. L’entraide et la modestie devront se substituer à l’esprit de compétition
propre à l’aberration économique. Cela devrait rendre la vie plus agréable, mais
nous n’y sommes pas encore.
Pierre Lehmann
(Horizons et débats, 16 avril 2007, 7e année,
N°14)
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